~ Biogéographie des Lépidoptères Rhopalocères
de l'île de La Réunion ~

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- Un archipel volcanique perdu au milieu de l'Océan Indien
L'île de La Réunion, située en plein Océan Indien, à 850 km des côtes malgaches, fait partie de l'Archipel des Mascareignes. Il comprend 3 petites îles tropicales, toutes issues de l'émergence de volcans du fond de l'Océan. La Réunion en est la cadette avec seulement 3 millions d'années, mais elle est aussi la plus grande et la plus montagneuse, tandis que l'île Maurice située à 150 km de ses côtes, est la plus ancienne avec 5 millions d'années, et l'île Rodrigues est la plus petite, la moins montagneuse et la plus jeune avec seulement 1 million d'années.
 

L'Archipel des Mascareignes dans l'Océan Indien
(Extrait de l'Atlas Général Bordas)

- Une faible biodiversité entomologique
La Lépidoptérofaune des trois îles est essentiellement d'origine africano-malgache, avec quelques apports asiatiques inexpliqués. Leurs biodiversités entomologiques sont très faibles, compte tenu de leur jeunesse, de leur éloignement des côtes africaine et malgache et du caractère destructeur des volcans qui les ont formées.
L'île de La Réunion est très pauvre en papillons diurnes; on compte seulement 32 espèces de Rhopalocères. Deux espèces sont arrivées depuis ces dernières années. L'une en provenance de Maurice, une petite Lycène bleue, Chilades pandava (c'est une espèce asiatique qui serait arrivée dans l'Archipel en 2001. Il est vraisemblable qu'elle a été introduite accidentellement avec l'importation de Cycas, dont ses chenilles se nourrissent), l'autre de Madagascar Spalgis tintinga signalée pour la première fois en 2010 dans l'arboretum de la ravine de la Grande Chaloupe.

- Un faible endémisme d'origine africano-malgache
Pour ce qui concerne la Lépidoptérofaune endémique diurne (Rhopalocères), les apports malgaches et africains sont majoritaires. Quelques espèces endémiques sont cependant issues de Malaisie, comme le genre Euploea, ce qui est parfaitement inexplicable.
- Maurice, au début du XXème siècle, comptait 36 espèces dont 8 endémiques strictes, soit 22 % d'endémisme. Depuis les travaux de Vinson (1938) et de J.R. Williams (1989), au moins 3 espèces endémiques semblent avoir disparu. La pression démographique et leurs conséquences néfastes sur les milieux naturels en sont la cause principale. De nouveaux inventaires seraient donc nécessaires pour actualiser les données.
- A La Réunion 7 espèces sont strictement endémiques, soit 22,6 % du nombre total des espèces (dernière révision). La politique de protection des milieux naturels, les surfaces importantes de forêts naturelles et le caractère très accidenté du relief permettent, malgré une pression démographique forte, de conserver pour un temps le patrimoine biologique naturel en l'état.
- A Rodrigues, les dernières données datent des travaux de J. Vinson, en 1938. A l'époque il avait recensé 10 espèces, dont 1 strictement endémique. Mais les inventaires seraient à réactualiser, compte tenu de la très grande déforestation qui sévit depuis plusieurs dizaines d'années.

- Très faible endémisme stricte des Mascareignes
Il est de l'ordre de 5 à 6 % seulement. Tout se passerait comme si l'endémisme îlien se faisait essentiellement avec le continent africain et Madagascar. Cependant, dans un second temps, il est logique de penser que l'île Maurice, compte tenu de son ancienneté et de son facteur de proximité, a du jouer un rôle essentiel dans la dispersion de ses espèces dans l'archipel des Mascareignes lorsque les deux autres îles sont apparues.

- A La Réunion, 3 espèces endémiques de papillons diurnes sont menacées
Malgré les mesures de protection des milieux naturels mises en place par les collectivités locales et la DIREN, trois espèces de papillons diurnes voient leurs populations se restreindre au cours des ans. Les facteurs sont connus : introduction de parasites pour la lutte biologique, déforestation sauvage, prédateurs vertébrés et invertébrés introduits, maladies cryptogamiques, virales et bactériennes, entomologistes collectionneurs (le plus souvent extérieurs à l'île)..
Les trois espèces endémiques suivantes sont donc en voie de disparition et protégées par arrêtés ministériels :

1- Papilio phorbanta Linné, 1771
2- Antanartia borbonica borbonica (Oberthür, 1880)
3- Salamis augustina Boisduval, 1833

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